Lancement d’un nouveau Fonds fiduciaire multi-partenaires pour lutter contre la résistance aux antimicrobiens dans le monde entier

Dans un élan majeur destiné à lutter contre l'un des plus grands risques pesant sur la santé mondiale, un organe de financement spécifique a été dévoilé aujourd'hui lors d'une Conférence ministérielle. Il aura pour principal but de permettre à tous les protagonistes impliqués de déployer les ressources nécessaires en vue d'intensifier les efforts mondiaux de lutte contre la résistance aux antimicrobiens (RAM).

Noordwijk (Pays-Bas), le 19 juin 2019 – La collaboration Tripartite – une initiative conjointe menée par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a lancé le Fonds fiduciaire multi-partenaires contre la RAM. Le Fonds bénéficie d’une contribution initiale de 5 millions de dollars de la part du gouvernement néerlandais.

Le Fonds fiduciaire contre la RAM devrait opérer sur une période de cinq ans, jusqu’en 2024, et a pour objectif de soutenir les pays dans le cadre de leur lutte contre la menace posée par la RAM, probablement l’une des menaces les plus complexes pesant actuellement sur la santé mondiale.

La résistance aux antimicrobiens se réfère à la capacité des bactéries et d’autres microbes à développer une résistance naturelle aux médicaments que nous utilisons pour les traiter. Ce phénomène s’en voit accéléré lorsque l’on fait face à une utilisation excessive ou inappropriée de produits pharmaceutiques qui sont conçus pour tuer les agents pathogènes indésirables chez les humains, chez les animaux et dans les cultures. La surutilisation et la mauvaise utilisation d’antibiotiques chez les humains et dans la santé animale contribue fortement à cette résistance.

La hausse des cas de RAM représente une menace décrite comme un « tsunami silencieux ». Les microorganismes résistants aux médicaments sont maintenant responsables de près de 700 000 décès chaque année, un chiffre appelé à augmenter pour atteindre les 10 millions par an si rien n’est fait.

« Lutter contre la résistance aux antimicrobiens est surtout une affaire de changement de comportement. Je ne parle de se laver les mains plus souvent mais plutôt de s’assurer que les antibiotiques soient prescrits moins facilement et de changer les méthodes de travail afin de réduire les chances de propagation de bactéries résistantes », a déclaré Mr Bruno Bruins, Ministre néerlandais en charge des soins médicaux et du sport. Ce sujet est si important qu’il mérite de rester en tête des priorités politiques internationales. Les pays ont élaboré des plans remarquables et il est maintenant temps de les mener à bien. Le Fonds fiduciaire multi-partenaires que nous lançons aujourd’hui nous aidera à y parvenir car le problème est trop gros pour qu’un pays puisse y venir à bout tout seul.

« Malheureusement, les frontières n’arrêtent pas les bactéries. Mais en mettant en commun nos efforts et nos connaissances, nous pouvons nous aider mutuellement à lutter contre la RAM. Il y a encore de la marge lorsqu’il s’agit d’améliorer la manière dont les antibiotiques sont utilisés dans la production animale. Cette conférence représente une bonne occasion d’engager le dialogue et d’apprendre les uns des autres », a indiqué Mme Carola Schouten, Ministre néerlandaise de l’agriculture, de la nature et de la qualité alimentaire.

« Nous avons tous un rôle à jouer lorsqu’il s’agit de protéger l’efficacité des agents antimicrobiens et le Fonds fiduciaire contre la RAM nous donne l’opportunité de soutenir ces efforts dans différents secteurs aux niveaux régional, national et mondial », a précisé la Dre Monique Eloit, Directrice générale de l’OIE. « Il faut lutter contre la RAM par le biais de l’approche « Une seule santé » et ces efforts doivent être soutenus par des engagements sur le long terme de la part de tous les protagonistes. L’OIE est engagée à aider le secteur de la santé animale à remplir ses engagements et à s’assurer qu’animaux et humains continueront à bénéficier des antimicrobiens pour traiter leurs maladies dans le futur » a-t-elle souligné.

« La FAO est totalement dédiée à la lutte contre la faim, l’insécurité alimentaire, la malnutrition et à la production d’aliments sains pour nourrir une population en hausse, et ce, de manière durable. Les antimicrobiens sont des outils nécessaires afin d’assurer la sécurité alimentaire mais ils doivent être utilisés de manière responsable. La FAO considère le Fonds fiduciaire multi-partenaires contre la RAM comme la pièce centrale de notre collaboration Tripartite, dont le but est de réduire la RAM », a déclaré Mme Maria Helena Semedo, Directrice générale adjointe de la FAO en charge du climat et des ressources naturelles.

« Ce nouveau Fonds constitue un nouvel engagement très important en vue de lutter contre la résistance aux antimicrobiens. La RAM représente un défi sérieux en matière de couverture de santé universelle et une menace pour la réalisation des Objectifs de développement durable », a indiqué la Dre Zsuzsanna Jakab, Directrice générale adjointe de l’OMS.

Un appel de fonds

L’appel de fonds de 70 millions de dollars sera utilisé pour soutenir les pays et la mise en œuvre du Plan de travail tripartite contre la RAM (2019-2020), en fournissant un soutien technique aux pays lorsqu’il s’agit d’élaborer leurs plans d’action nationaux contre la RAM et d’intensifier leur action au niveau local.

Le Fonds fiduciaire contre la RAM souhaite contribuer à créer un monde où les maladies infectieuses continuent d’être traitées avec des antimicrobiens efficaces et sûrs et où la résistance est surveillée et contrôlée vers une croissance plus lente. La marche à suivre pour atteindre cet objectif implique de mener des activités qui vont de la sensibilisation du public à l’élaboration de plans d’action nationaux visant à surveiller la RAM et d’assurer une utilisation et une vente plus responsables des antimicrobiens.

L’inaction, en raison de politiques inadéquates ou de problèmes de mise en œuvre, menace de rendre des infections banales plus difficiles à traiter et de rendre plus dangereux les traitements et procédures médicales.

L’inaction pourrait également avoir pour effet d’aggraver l’insécurité alimentaire et la pauvreté rurale, lorsque les maladies animales ne peuvent plus être traitées efficacement à l’aide de médicaments vétérinaires.

Le Fonds fiduciaire contre la RAM offre un mécanisme conjoint pour une attribution claire et transparente de toutes les sources de financement, tandis que ses activités porteront sur l’application de meilleures pratiques, sur le développement des activités qui ont bien marché et sur des approches innovantes qui travaillent à s’assurer que les traitements actuels soient disponibles pour les prochaines générations.


Note : 

Le Bureau des Nations Unies pour le Fonds fiduciaire multi-partenaires, soit le Centre d’expertise de l’ONU pour les mécanismes de financement communs, agira en tant qu’administrateur du Fonds. En tant qu’administrateur indépendant, le Bureau des Nations Unies MPTF fournira des informations en temps réel sur les contributions et sur l’utilisation des ressources mobilisées par les donateurs à travers le portail MPTF (mptf.undp.org).


Ressources :


Contacts médias :


OIE

Catherine Bertrand-Ferrandis
Cheffe de l’Unité de communication
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FAO
Christopher Emsden
FAO Relations avec les médias
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OMS
Daniela Bagozzi
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