Le rôle des oiseaux sauvages confirmé dans la crise de la grippe aviaire – Les scientifiques pointent aussi du doigt les élevages de volailles

1er juin 2006, Rome – Les migrations d’oiseaux sauvages ont joué et continueront à jouer un rôle dans la propagation, sur de longues distances, du virus hautement pathogène de l’influenza aviaire (HPAI), ou grippe aviaire. Telle est la principale conclusion de la Conférence scientifique internationale organisée, sur deux jours, par la FAO et l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE).

Cependant, la conférence, qui a réuni plus de 300 scientifiques de plus de 100 pays, a reconnu que la propagation du virus se faisait principalement à travers le commerce des volailles, qu’il soit légal ou illégal.

«Plusieurs présentations lors de la conférence, certaines soutenues par des publications récentes dans des journaux scientifiques, ont impliqué les oiseaux sauvages dans l’introduction du virus H5N1 à des distances considérables des foyers connus d’apparition de la maladie dans les élevages», selon le document final de la conférence.

L’énigme du réservoir

Les participants ont admis ne pas être de répondre à l’une des questions clés de cette conférence: quel rôle ont joué les oiseaux sauvages dans la propagation du HPAI dans plus de 50 pays sur trois continents, et doivent-ils être maintenant considérés comme un réservoir permanent du virus.

S’ils sont un réservoir, il existe une forte probabilité pour qu’ils transportent le virus au cours de leurs prochaines migrations. Le H5N1 peut tour à tour décliner naturellement au fur et à mesure que les animaux infectés meurent ou muter vers une forme moins agressive.

«C’est là une des plus principales lacunes de notre connaissance scientifique actuelle», a souligné Joseph Domenech, Vétérinaire en chef à la FAO. «Nous devons intensifier nos recherches».

La conférence a souligné que l’apparition des foyers actuels du virus H5NI dans huit pays africains semble être liée à l’élevage et principalement au commerce de la volaille pour la consommation humaine, notamment le commerce illégal. Cependant, elle demande des analyses approfondies pour une meilleure compréhension de la manière dont le virus s’est introduit.

Plus d’investissements

«Il est nécessaire de mobiliser la communauté internationale pour investir dans l’amélioration des services vétérinaires dans les pays en développement, particulièrement en Afrique et en Asie», a rappelé le Docteur Gideon K. Brückner, directeur du département scientifique et technique de l’OIE.

Des investissements avisés favoriseront la détection précoce parmi les oiseaux sauvages et une action rapide face à l’apparition de la maladie, a-t-il ajouté.

La gestion de la maladie devrait être basée sur l’amélioration de la biosécurité et de l’hygiène au niveau de la production et dans tous les secteurs de l’aviculture, notamment la réduction de la possibilité de contacts entre les volailles domestiques et les oiseaux sauvages, a conseillé la conférence.

La création d’un service mondial de dépistage et de surveillance impliquant toutes les institutions concernées à travers le monde – notamment les centres scientifiques et les organisations agricoles, les chasseurs, les observateurs et les associations de protection de la nature – a été demandée.

Les participants ont rejeté toute suggestion d’essayer d’enrayer la diffusion de la maladie en tuant les oiseaux sauvages. «La destruction des habitats des oiseaux sauvages ou la chasse aveugle de la faune est une réponse scientifiquement et éthiquement injustifiée», souligne une des recommandations de la conférence.

Elle préconise de poursuivre les recherches pour adopter une approche inter-diciplinaire et demande des investissements pour introduire la technologie par télémétrie satellitaire afin d’améliorer la connaissance des schémas de migrations des oiseaux sauvages (Lire ci-contre notre article: Voler en liberté sous étroite surveillance).