En mars 2022, l’OMSA, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le PNUE ont renforcé leur engagement à promouvoir les principes d’« Une seule santé » en établissant la collaboration quadripartite sur une seule santé. Cette collaboration vise à traiter les interconnexions complexes entre la santé animale, la santé humaine et l’environnement, en tirant parti d’une expertise commune pour s’attaquer aux maladies émergentes, aux infections zoonotiques, aux maladies d’origine alimentaire et aux défis environnementaux.

Lors de la deuxième réunion annuelle de l’exécutif quadripartite, qui s’est tenue à l’Office des Nations Unies à Nairobi du 29 février au 6 mars 2024, l’OMSA a officiellement assumé son rôle de prochaine présidence du Secrétariat quadripartite, renforçant ainsi son engagement dans la lutte contre les maladies animales zoonotiques telles que la rage ou les maladies à transmission vectorielle par le biais d’une approche holistique. 

Nous sommes prêts à aller de l’avant avec nos priorités stratégiques axées sur la mise en œuvre du plan d’action conjoint “Une seule santé”, la mobilisation des ressources, le renforcement des capacités, l’engagement dans les forums politiques et la gouvernance Une seule santé, et l’action contre d’importantes zoonoses négligées.

Dr Monique Eloit, directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA). 

Le leadership de l’Organisation mondiale de la santé animale repose avant tout sur son engagement ferme dans la lutte contre la rage, une maladie évitable mais mortelle qui affecte encore des communautés vulnérables dans le monde entier. Dans l’ensemble, grâce aux priorités stratégiques définies pour la durée du mandat, l’Organisation vise à mettre en œuvre des initiatives percutantes qui trouvent un écho aux niveaux national, régional et mondial :

  1. Mise en œuvre du plan d’action conjoint “Une seule santé” (OH JPA – One Health Joint Plan of Actions) au niveau national 

    Grâce à la mobilisation des ressources, aux mécanismes de coordination régionale, à l’intégration des outils opérationnels existants, ainsi qu’aux activités de communication et de plaidoyer, l’OMSA donnera la priorité à la mise en œuvre du plan d’action conjoint “Une seule santé” dans certains pays, en soulignant le rôle essentiel du secteur de la santé animale dans la préservation de la santé de tous.
  2. Cadre de suivi et d’évaluation de l’OH JPA

    La Quadripartite élaborera un cadre de suivi et d’évaluation assorti d’objectifs et d’indicateurs pertinents pour faciliter l’établissement de rapports sur les progrès de l’OH JPA ainsi que sur son plaidoyer global au cours des cinq premières années. 
  3. Création d’un groupe de travail sur la coordination de l’apprentissage « Une seule santé 

    En mettant l’accent sur le renforcement de la capacité de collaboration de « Une seule santé », l’OMSA soutiendra la création d’un groupe de travail sur la coordination de l’apprentissage de « Une seule santé » . En donnant accès aux ressources et en encourageant l’apprentissage tout au long de la vie pour le personnel de « Une seule santé », l’OMSA vise à renforcer les capacités et à stimuler l’innovation dans les efforts de « Une seule santé ». 
  4. “Une seule santé” dans l’agenda politique mondial

    L’OMSA et ses partenaires quadripartites s’efforceront de faire en sorte que les principes de « Une seule santé » soient intégrés dans les discussions et les accords politiques mondiaux. Il s’agira notamment de plaider en faveur de l’inclusion d’une seule santé dans les négociations de l’accord sur la pandémie, d’assurer la coordination avec les principales parties prenantes et d’organiser des séances d’information à l’intention des pays sur les questions relatives à une seule santé. En outre, la Quadripartite s’engagera activement dans des forums politiques tels que le G20 et le G7 afin de sensibiliser et de mobiliser le soutien en faveur de mécanismes de gouvernance globaux pour une seule santé, en encourageant la collaboration intersectorielle pour faire face efficacement aux futures urgences sanitaires. 
  5. Action « Une seule santé » contre les zoonoses : la rage comme modèle 

    L’OMSA encouragera les efforts visant à contrôler et à éliminer les zoonoses endémiques, les maladies tropicales négligées et les maladies à transmission vectorielle, en mettant particulièrement l’accent sur l’élimination des décès humains dus à la rage transmise par les chiens. S’appuyant sur le plan stratégique « Zero by 30 » élaboré par la FAO, l’OMS et l’OMSA, les activités de l’OH JPA sur la rage mettront en œuvre l’approche « Une seule santé » dans les pays où le fardeau de la rage est le plus lourd. Il s’agit notamment de promouvoir l’élaboration de plans de contrôle nationaux tout en tenant compte de la surveillance de la faune sauvage, de faciliter l’accès à la banque de vaccins de l’OMSA pour la vaccination des chiens (chiens de berger en contact avec la faune sauvage et chiens errants) et d’encourager la communication entre les parties prenantes et les communautés. 

En assumant la présidence du Secrétariat quadripartite, l’OMSA réaffirme son engagement à promouvoir les principes d’une seule santé et leur mise en œuvre opérationnelle afin de garantir un avenir plus sûr et plus sain pour tous. 

La vague actuelle d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) s’est propagée dans le monde entier. Elle est partie d’Europe en 2021 et a traversé les continents, atteignant l’Amérique du Nord la même année et l’Amérique du Sud en 2022. Plus récemment, elle s’est même propagée aux îles de l’Antarctique (2023). Plus récemment, elle s’est étendue aux îles de l’Antarctique en 2023. Toutefois, la gravité de la situation s’intensifie avec l’infiltration du virus à l’extrémité nord de l’Antarctique, comme signalé via le système mondial d’information sur la santé animale.

La découverte a été faite grâce à l’identification du virus dans un labbe du pôle Sud recueilli par des scientifiques argentins près de la base de recherche antarctique de l’Argentine, Primavera. Les labbes, grands oiseaux marins qui se reproduisent dans les zones subantarctiques et antarctiques, constituent un vecteur préoccupant car ils migrent plus au nord lorsqu’ils ne se reproduisent pas. 

désormais considérée comme une « situation normale » : l’IAHP passe des oiseaux sauvages aux mammifères sauvages, avec des conséquences qui dépassent tout ce que l’on avait pu observer auparavant. Les estimations varient, mais selon le dernier décompte, 485 espèces de plus de 25 ordres aviaires ont été touchées et 37 nouvelles espèces de mammifères ont été infectées depuis 2021. Seules les îles du Pacifique, l’Australie et la Nouvelle-Zélande sont encore exemptes de la maladie, mais la situation évolue rapidement.  

Les flambées d’IAHP ont entraîné un déclin significatif parmi les populations d’animaux sauvages, y compris celles de mammifères marins en Amérique du Sud. Malgré les défis rencontrés, il existe des stratégies pour mieux protéger la faune sauvage à court et long terme. Il s’agit notamment de prévenir d’autres propagations vers et depuis les volailles grâce à une meilleure biosécurité, de mettre en œuvre des systèmes de surveillance renforcés afin, à la fois, de fournir des informations sur l’épidémiologie du virus et d’en faire profiter la faune sauvage, et de répondre aux épidémies qui touchent la faune sauvage en adoptant une approche coordonnée, interinstitutionnelle et multisectorielle. Ainsi, le groupe de travail de l’OMSA sur la faune sauvage a notamment élaboré de nouvelles lignes directrices sur la vaccination d’urgence contre l’IAHP chez les oiseaux sauvages dont la conservation est importante et sur la gestion de l’IAHP chez les mammifères marins

Une perte d’espèces sauvages de cette ampleur présente un risque sans précédent d’effondrement de la population animale sauvage, ce qui pourrait engendrer une crise écologique. L’OMSA encourage ses Membres à répondre rapidement et de manière exhaustive aux flambées d’IAHP dans la faune sauvage, insistant sur la nécessité d’intégrer la santé de la faune sauvage dans les systèmes de surveillance, de notification, de préparation et de réponse en matière de santé animale. Pour ce faire, il ne suffit pas de considérer les animaux sauvages comme un risque potentiel pour la production animale et la santé humaine, mais comme des êtres qui méritent d’être protégés en tant que tels. L’OMSA souligne combien il est important d’assurer une étroite coordination interinstitutionnelle et de faire appel à des expertises diverses, afin de garantir que les décisions soient transparentes, équitables et mutuellement profitables. 

L’Organisation mondiale de la santé animale est fière d’annoncer le lancement de la première étude thématique de l’Observatoire, qui porte sur les normes internationales en matière de zonage. 

L’étude thématique est le dernier résultat de l’Observatoire de l’OMSA, un programme de suivi de la mise en œuvre de ses normes internationales. Pour obtenir les données nécessaires à l’évaluation, un questionnaire a été envoyé aux Membres de l’OMSA afin d’évaluer l’utilisation du zonage pour l’influenza aviaire, la peste porcine africaine (PPA) et la fièvre aphteuse (FA). Les résultats ont été rassemblés dans une étude complète qui met notamment en évidence l’utilisation, les principaux défis, les inconvénients et les impacts positifs de sa mise en œuvre, et qui se termine par une série de bonnes pratiques pour l’organisation et ses membres. Le concept de zonage a été utilisé par 70 %, 55 % et 50 % des membres ayant répondu à l’enquête et qui étaient touchés par l’influenza aviaire chez les volailles, la peste porcine africaine et la fièvre aphteuse, respectivement.

Parmi les Membres qui utilisent le zonage,

27%

ont déclaré avoir partiellement ou pas du tout intégré les normes de l’OMSA sur le zonage dans leur cadre réglementaire national.

34%

dans leurs pratiques.

Le thème sous-jacent du document est la nécessité pour les Membres de disposer de toutes les conditions préalables (telles que les systèmes de surveillance, d’identification et de traçabilité), de la capacité et des ressources nécessaires pour mettre en œuvre et maintenir efficacement le zonage à long terme, avant d’adopter l’approche du zonage. La mise en œuvre de la norme doit également être envisagée au cas par cas, en fonction du contexte unique et des spécificités de chaque membre.

Les normes internationales de l’OMSA constituent une base solide pour améliorer la santé et le bien-être des animaux, la santé publique vétérinaire et la facilitation des échanges internationaux/régionaux, si elles sont intégrées de manière cohérente dans les cadres nationaux et législatifs. Le zonage et la compartimentation sont deux concepts clés spécifiquement conçus pour aider les Membres à prévenir et à contrôler la propagation d’une maladie, tout en contribuant à la sécurité des échanges d’animaux et de produits connexes. Cependant, les Membres peuvent être confrontés à des défis lorsqu’ils tentent de mettre en œuvre les normes de zonage et de compartimentation. Parfois, leur capacité à les respecter et à y adhérer peut également être limitée, comme l’ont montré les travaux antérieurs de l’organisation.  

L’établissement de normes est la mission centrale de l’OMSA. Cependant, l’organisation s’intéresse également à la manière dont les normes sont utilisées par les membres. C’est dans ce but que l’Observatoire a été créé. Programme axé sur les données, l’Observatoire suit la mise en œuvre des normes internationales de l’OMSA et son objectif est double. Tout d’abord, il a pour but d’aider l’organisation à mieux soutenir les membres en identifiant les domaines dans lesquels les services et les processus qu’elle propose pourraient être ajustés pour mieux répondre aux besoins des membres. D’autre part, et ce n’est pas le moins important, le programme vise également à s’assurer que les normes sont pertinentes, adaptées à leur objectif et bien comprises, en identifiant les obstacles à leur mise en œuvre et en développant des activités de renforcement des capacités sur mesure. 

Depuis un siècle, l’OMSA est à l’avant-garde de la lutte contre les maladies animales infectieuses en utilisant l’innovation comme force motrice. Des données fiables aident les autorités nationales et la communauté internationale à prendre des décisions fondées sur des preuves afin d’améliorer la sécurité sanitaire mondiale et de renforcer les systèmes de santé.  En 2022, l’OMSA s’est lancée dans une aventure capitale grâce à l’innovation apportée par l’Observatoire et est désormais le fer de lance de l’effort visant à rendre les données liées à la santé animale accessibles à tous. 

La section de l’étude thématique consacrée à la compartimentation suivra en 2024-2025. Les données recueillies sur le zonage font actuellement l’objet d’une analyse plus approfondie afin d’explorer les facteurs susceptibles d’influencer l’acceptation des zones par les partenaires commerciaux. Les résultats seront communiqués en 2024. 

Pour plus d’informations, vous pouvez consulter l’étude thématique concernant l’Utilisation, problématiques et impacts du zonage et de la compartimentation et une brève fiche d’information donnant un aperçu visuel des résultats.   

Etablie en 1924, l’OMSA a été fondée lorsque 28 pays se sont unis pour lutter contre la peste bovine, l’une des maladies animales les plus mortelles à cette époque.  

Cette initiative, visant à relever les défis liés à l’augmentation des échanges commerciaux internationaux d’animaux et de produits d’origine animale, a posé les bases du rôle de premier plan joué par l’OMSA dans le domaine de la santé et du bien-être des animaux à l’échelle internationale. En 2011, la peste bovine est devenue la première maladie animale à être déclarée éradiquée au niveau mondial. De 28 pays signataires de l’accord international de 1924, nous comptons désormais 183 Membres. En mai 2023, l’Organisation, anciennement connue sous le nom d’OIE (Office international des épizooties), a fait l’objet d’un exercice complet de stratégie de marque et a aligné son acronyme sur son nom courant, l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA).

La rigueur scientifique et la transparence constituent, depuis notre création jusqu’à aujourd’hui, nos principes de référence. Au cours du siècle dernier, le monde a connu des changements spectaculaires, de la propagation des maladies transmissibles jusqu’aux catastrophes liées au climat et à l’accroissement des inégalités. Les nouveaux défis qui se présentent désormais ont fondamentalement transformé la notion de santé et de bien-être des animaux. Cela a nécessité une évolution constante de notre mandat, de nos collaborations, de la gouvernance de la santé et a mené à l’apparition de nouvelles disciplines, telles que la santé animale dans les situations d’urgence.

La pandémie de COVID-19 a fortement stimulé l’approche « Une seule santé », ce qui a conduit à la formation d’un partenariat quadripartite avec la FAO, le PNUE et l’OMS en vue de garantir une meilleure articulation entre la santé humaine, la santé animale et la santé de l’environnement. En surveillant et en diffusant les connaissances sur les maladies animales, nous nous sommes efforcés de limiter leurs effets néfastes sur la société. Depuis un siècle, nous sommes à l’avant-garde de la lutte contre les maladies animales infectieuses en utilisant l’innovation comme force motrice.

La solidarité et la collaboration étroite avec nos Membres sont depuis toujours l’essence même de notre succès. Ces liens étroits ont été essentiels pour obtenir des informations précises et pertinentes et pour créer des outils permettant de contrôler les épidémies et de résoudre d’autres problèmes liés à la santé animale. Au fil du temps, nous avons intégré la santé animale dans le débat plus large sur la santé de tous. Notre objectif est de mieux faire comprendre que la santé animale n’est pas un univers isolé et que les partenariats, les interventions programmatiques, le partage d’expertise ainsi que la communication et la défense des intérêts du public peuvent contribuer à un monde plus sûr et plus durable.

Alors que nos valeurs fondatrices nous rappellent notre objectif principal, la célébration de ce centenaire nous offre une occasion unique de nous tourner vers l’avenir et de voir comment les tendances émergentes affecteront la santé et le bien-être des animaux.

C’est pourquoi notre Organisation s’est lancée dans un exercice de prospective approfondi qui coïncide avec cet anniversaire, afin de commencer à élaborer des réponses aux scénarios futurs dans un monde au rythme effréné.

« Nous sommes fiers non seulement de notre histoire si riche, mais aussi de notre dynamisme actuel en tant qu’autorité mondiale dans le domaine de la santé et du bien-être des animaux. Encouragés par ce centenaire, nous sommes plus déterminés que jamais à relever de nouveaux défis qui nous permettront de tracer la voie à venir grâce à l’expertise et à la conviction que partagent nos équipes et l’ensemble de notre réseau de partenaires.»

Docteure Monique Eloit, Directrice générale de l’OMSA.

Nous faisons face à des défis interconnectés, en nous appuyant sur la collaboration, l’innovation et l’inclusion. À l’aube du siècle prochain, nous continuerons à évoluer, à nous adapter et à collaborer avec nos Membres, la communauté scientifique et la main d’œuvre vétérinaire. Nous avons comme objectif d’impliquer davantage les décideurs politiques qui jouent un rôle dans l’élaboration de la future architecture de la santé et du bien-être des animaux à l’échelle mondiale.

Qu’il s’agisse de la menace posée par l’influenza aviaire, de la résistance aux antimicrobiens, des maladies zoonotiques ou de la gestion durable de la production animale, de multiples défis se profilent à l’horizon. Nous garderons la collaboration intersectorielle et le multilatéralisme au premier plan de notre action, en étant conscients que les problèmes mondiaux aux répercussions en cascade ne peuvent être résolus par des acteurs isolés. 

Ce centenaire nous offre une excellente occasion d’exprimer notre immense gratitude à l’ensemble de nos Membres, de nos interlocuteurs, de nos partenaires, de nos soutiens et de nos collaborateurs pour leur soutien inestimable. Nous sommes impatients de poursuivre notre voyage sur la voie du renforcement, de l’amélioration et de la résilience de la santé animale, pour la santé de tous.

Venez fêter avec nous notre 100e anniversaire ! Ne manquez pas les activités qui seront organisées tout au long de l’année et prenez part à nos célébrations !

La résistance aux antimicrobiens (RAM) menace la santé des humains, des animaux, des végétaux et de notre environnement commun. Les antimicrobiens sont trop souvent mal utilisés ou surutilisés, et ce, tous secteurs confondus, ce qui crée les conditions idéales pour l’émergence d’un tel phénomène. Bien que la majorité des Membres de l’OMSA aient pris des mesures fortes ces dernières pour réduire leur utilisation chez les animaux, des efforts supplémentaires sont nécessaires car ces médicaments sont toujours utilisés de manière inappropriée dans certains pays pour stimuler la croissance.

Bilan de l’utilisation des antimicrobiens pour la stimulation de la croissance

En 2016, tous les Membres de l’OMSA se sont engagés à interdire définitivement le recours aux antimicrobiens d’importance critique pour les humains ainsi qu’à abandonner progressivement l’emploi des antimicrobiens chez les animaux dans le but de stimuler la croissance en l’absence d’analyse des risques. Comment cet engagement a-t-il été mis en pratique jusqu’à présent ?

  • Près de 20 % des Membres rapportent toujours l’utilisation d’antimicrobiens pour stimuler la croissance. Parmi eux, on estime que 76 % n’ont mené aucune analyse préliminaire des risques.
  • Ce qui est plus inquiétant, c’est qu’au moins 11 % des Membres de l’OMSA utilisent encore au moins un des agents antimicrobiens d’importance critique les plus prioritaires pour la médecine humaine, comme la colistine, pour stimuler la croissance.
  • Au moins 50 % des Membres ayant recours aux antimicrobiens pour stimuler la croissance n’ont pas de cadre réglementaire en place.
  • Dans plusieurs pays, l’étiquetage de certains additifs d’aliments pour animaux destinés à accroître la productivité ne mentionne pas la présence de faibles doses d’antimicrobiens, qui sont donc administrés aux animaux par les vétérinaires et les éleveurs à leur insu.

De telles pratiques ne sont pas conformes aux normes internationales de l’OMSA, ni au Plan d’action mondial pour combattre la RAM.

Les autorités compétentes et le secteur de l’élevage doivent s’acquitter de leurs responsabilités pour arrêter progressivement l’utilisation des antimicrobiens pour stimuler la croissance chez les animaux

Les normes de l’OMSA distinguent clairement l’usage médical vétérinaire des antimicrobiens, qui se limite au traitement, au contrôle et éventuellement à la prévention des maladies infectieuses, et l’usage médical non vétérinaire. L’administration d’antimicrobiens pour stimuler la croissance chez les animaux est un usage médical non vétérinaire qui ne doit pas être assimilé à l’utilisation préventive, qui implique que les animaux soient exposés à un risque avéré de maladie si le médicament n’est pas administré.

L’OMSA invite ses Membres à restreindre l’utilisation des antimicrobiens à un usage médical vétérinaire exclusif et à s’engager activement dans un dialogue avec les parties concernées pour parvenir à une interdiction totale du recours aux antimicrobiens pour stimuler la croissance, à commencer par ceux d’importance critique pour la santé humaine.

Les autorités compétentes doivent adopter une législation pertinente à cet égard et sont invitées à explorer et à promouvoir d’autres solutions afin d’améliorer la productivité animale, s’il y a lieu. Cela peut inclure, entre autres, des programmes de santé animale axés sur la prévention des maladies (vermifugation et vaccination, par exemple), la biosécurité et les bonnes pratiques d’élevage.

La mauvaise utilisation des antimicrobiens dans différents secteurs accélère la résistance à ces médicaments. Le secteur de la santé animale doit jouer son rôle pour juguler ce fléau mondial, qui menace la santé des animaux, des humains et des plantes, en adoptant des pratiques durables.


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Depuis 2005, l’influenza aviaire a causé des dégâts considérables en provoquant la mort de plus de 500 millions d’oiseaux dans le monde [1]. Ses effets dévastateurs s’étendent au-delà des oiseaux domestiques et sauvages, menaçant les moyens de subsistance, la sécurité alimentaire et la santé publique. L’évolution récente de l’écologie et de l’épidémiologie de la maladie a renforcé l’inquiétude mondiale à son égard ; celle-ci s’étant étendue à de nouvelles zones géographiques. Elle a également provoqué une mortalité inhabituelle chez les oiseaux sauvages et entraîné une augmentation alarmante du nombre de cas chez les mammifères. L’évolution rapide de l’influenza aviaire et les changements dans ses modes de propagation [2] nécessitent une révision des stratégies de prévention et de lutte existantes.Pour contenir efficacement la maladie, protéger la viabilité économique du secteur avicole et réduire les risques de pandémie, tous les outils disponibles doivent être reconsidérés, y compris la vaccination.

La propagation actuelle de l’influenza aviaire est une source de préoccupation majeure pour le secteur avicole, la santé publique et la biodiversité. Compte tenu de l’évolution récente de son épidémiologie et de la circulation croissante de l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) chez les animaux sauvages, des mesures de biosécurité plus strictes et l’abattage massif des volailles pourraient ne plus suffire pour lutter contre la maladie. Avec la migration saisonnière nord-sud des oiseaux sauvages, les pays doivent se préparer à une augmentation des foyers et envisager des approches complémentaires, telles que la vaccination, conformément aux normes internationales existantes en matière de santé et de bien-être des animaux [3]. 

En bref

  • L’épidémiologie de l’influenza aviaire évolue : la maladie perd progressivement son caractère saisonnier et des souches hautement pathogènes circulent chez les oiseaux sauvages. 
  • Cette intensification de la circulation accroît la probabilité d’une évolution du virus et de sa propagation à de nouvelles espèces, notamment les mammifères, ce qui constitue un risque pour la santé humaine. 
  • Tous les outils de lutte contre la maladie fondés sur la science doivent être pris en considération. Dans certains contextes épidémiologiques, la vaccination peut compléter efficacement d’autres stratégies de lutte. 
  • Si elle est correctement mise en oeuvre, la vaccination ne constitue pas un obstacle à la sécurité des échanges commerciaux. 
  • Un recours plus large à la vaccination stimule l’innovation en matière de recherche et améliore la qualité des vaccins disponibles. 

Envisager la vaccination parmi les mesures disponibles pour lutter contre l’influenza aviaire 

Traditionnellement, l’IAHP concernait en premier lieu les oiseaux domestiques et la lutte contre cette maladie s’envisageait surtout au niveau de l’exploitation. Les schémas de transmission actuels montrent qu’elle circule désormais dans les populations d’oiseaux sauvages, ce qui favorise sa propagation non seulement d’une exploitation à l’autre, mais aussi au sein d’une même exploitation. Dans la pratique, il est devenu de plus en plus difficile de protéger une exploitation contre l’introduction de la maladie, en raison d’une plus forte exposition, aussi bien aux exploitations avicoles voisines qu’aux oiseaux sauvages. 

Les foyers d’IAHP se sont multipliés à l’échelle mondiale [4] et la diversité génétique des souches virales en circulation s’est accrue. Par conséquent, le recours aux seules mesures sanitaires pourrait s’avérer ne plus être une solution durable pour contenir efficacement la maladie. L’abattage massif et systématique des volailles, qui est une de ces mesures, entraîne de lourdes pertes économiques pour les éleveurs, bouleverse durablement leurs moyens de subsistance et suscite des inquiétudes quant au bien-être des animaux ainsi que sur le plan social et environnemental. Son impact négatif sur la durabilité des pratiques de production et sur l’image du secteur avicole auprès des consommateurs implique d’examiner son acceptabilité de près. 

Les mesures telles que la surveillance pour la détection précoce et le suivi des virus de l’influenza aviaire, les mesures sanitaires de prévention (biosécurité) et les mesures de lutte contre la maladie (abattage, contrôle des déplacements, quarantaine) restent au coeur de toute stratégie de lutte contre l’influenza aviaire. 

Cependant, la vaccination des volailles ne peut plus être exclue des alternatives disponibles et doit être considérée comme un outil complémentaire. Lorsqu’elle est scientifiquement justifiée, celle-ci présente plusieurs avantages : 

  • Prévention et contrôle des foyers dans les populations d’oiseaux domestiques vaccinés, entraînant une réduction de la circulation du virus au sein d’un même troupeau et entre troupeaux, ainsi qu’une diminution du risque de propagation à la faune sauvage. 
  • Réduction des pertes économiques, tant directes (mortalité des oiseaux) qu’indirectes (abattage massif et perturbation des échanges commerciaux). Lorsqu’elle est correctement mise en oeuvre, la vaccination contre l’influenza aviaire est compatible avec la sécurité des échanges commerciaux, conformément aux normes internationales de l’OMSA. 
  • Diminution du risque d’exposition humaine aux virus de l’influenza aviaire, et donc d’une éventuelle pandémie [5], selon l’approche « Une seule santé ». 
  • Impact réduit sur l’environnement en diminuant le risque de propagation aux animaux sauvages. 
  • Incitation à la recherche innovante pour maintenir l’efficacité des vaccins dans le temps, grâce à l’expérience acquise. Cela encourage les fabricants à développer et à améliorer l’accès à des vaccins efficaces et leur mise à jour. 

Dans certains contextes socioéconomiques, la vaccination contre l’influenza aviaire peut contribuer à la durabilité globale du secteur avicole et à la préservation des systèmes de production en plein air. Ces derniers constituent souvent un héritage culturel, même si leur biosécurité n’est pas optimale. La vaccination contribue à préserver la santé des oiseaux domestiques et sauvages, à assurer un approvisionnement stable en produits avicoles pour les consommateurs et à préserver la biodiversité. En outre, les programmes de vaccination assortis de protocoles préétablis fondés sur les risques améliorent la préparation d’un pays face à l’apparition de foyers, tant au niveau de la réactivité que de la préparation à un risque accru.

Responsabilités des pays optant pour la vaccination des volailles 

La vaccination contre l’influenza aviaire doit être envisagée dans le cadre d’une stratégie plus large de prévention et de lutte contre la maladie, incluant d’autres dispositions, telles que des mesures de biosécurité, une surveillance de la maladie pour une détection précoce, une réponse rapide aux foyers de maladie et une stratégie de sortie bien planifiée. La vaccination peut être utilisée de manière temporaire. 

Les Autorités vétérinaires nationales [6] sont chargées de prendre la décision de vacciner sur la base d’une évaluation des risques, qui dépend de plusieurs facteurs et implique diverses responsabilités, notamment : 

  • La disponibilité de vaccins enregistrés, de haute qualité et fiables qui répondent aux normes internationales de l’OMSA [7] et qui restent efficaces contre les souches en circulation. La composition des vaccins doit être constamment revue pour répondre à l’évolution des circonstances et de l’épidémiologie. 
  • Une capacité de surveillance suffisante pour démontrer que la vaccination n’interfère pas avec la surveillance des virus et la détection précoce des foyers dans les populations d’oiseaux vaccinés et non vaccinés. Des systèmes de surveillance solides sont essentiels pour contrôler la présence potentielle des virus de l’influenza aviaire chez les oiseaux domestiques et sauvages, ainsi que chez les mammifères. Cela permet de déterminer quelles souches sont en circulation, de s’assurer que les objectifs d’immunisation sont atteints et que les mesures de lutte mises en oeuvre sont appropriées. Toutefois, des ressources importantes sont nécessaires pour instaurer et conserver cette capacité, et tous les pays n’en bénéficient pas. 
  • L’ engagement des producteurs de volailles à respecter la stratégie de lutte contre la maladie mise en place. 
  • La collecte de données auprès des producteurs et des vétérinaires, sur la durée de la protection conférée par la vaccination et le délai d’excrétion du virus après sa mise en place en cas d’utilisation de vaccins vivants. Ces données permettront de mieux définir les stratégies de vaccination. 
  • La capacité à assurer la traçabilité de l’ensemble du processus, depuis la production des vaccins jusqu’à leur administration sur les exploitations et au suivi post-vaccination, y compris la traçabilité des animaux vaccinés et de leurs produits. 

La sélection des vaccins, les protocoles de vaccination et le suivi sont des éléments essentiels de la réussite d’un programme de vaccination. Le niveau d’immunité des troupeaux requis pour prévenir la transmission dépend de plusieurs facteurs. En fonction de l’épidémiologie de la maladie, les Autorités vétérinaires, en consultation avec le secteur avicole, peuvent décider de ne vacciner que certaines espèces dans certains systèmes de production choisis [8]

La vaccination est compatible avec la poursuite d’échanges sécurisés de volailles et de produits de volaille 

À ce jour, malgré la crise mondiale, la vaccination n’a été utilisée que dans un nombre limité de pays comme mesure de prévention, d’urgence ou systématique pour protéger les volailles ou d’autres populations d’oiseaux captifs contre l’IAHP. Les inquiétudes liées aux restrictions commerciales internationales entravent son utilisation, bien que l’inclusion de la vaccination comme outil de lutte ait été approuvée par les normes internationales adoptées par l’Assemblée mondiale des Délégués nationaux de l’OMSA. 

Les restrictions commerciales injustifiées imposées aux volailles et aux produits de volaille provenant de troupeaux vaccinés ont un impact considérable sur un secteur qui contribue de manière significative à la sécurité alimentaire et à l’économie mondiales. En fait, les exportations de viande de volaille représentent 11 % de la production totale, tandis que les exportations d’oeufs en représentent 3 % [9]. Les importations de stocks génétiques commerciaux de volailles sont également essentielles pour soutenir les systèmes de production de viande et d’oeufs de tous les pays. En outre, la viande de volaille et les oeufs constituent une source alimentaire de protéines à faible coût, de haute qualité et pauvre en matières grasses, qui permet de redistribuer les produits de base et d’en tirer des avantages économiques, tout en soutenant les moyens de subsistance des petits éleveurs. Il est vital de maintenir le commerce international de ces produits tout en assurant la sécurité des échanges. Cela peut être garanti de deux manières : 

  • Les pays qui ont recours à la vaccination devront fournir une certification appropriée à leurs partenaires commerciaux afin de garantir que leurs mesures sont conformes aux normes internationales de l’OMSA basées sur les données scientifiques. Ils doivent également démontrer qu’ils prévoient d’effectuer la surveillance nécessaire des souches en circulation une fois la vaccination mise en place, et qu’ils sont en mesure de prouver l’absence de circulation du virus
  • Les pays importateurs doivent prendre des décisions fondées sur les risques et mettre en oeuvre des mesures scientifiquement fondées qui permettent de garantir la sécurité des échanges commerciaux tout en empêchant la propagation de l’influenza aviaire. Cela est essentiel pour éviter la fermeture des frontières commerciales et les conséquences économiques qui en résulteraient pour le secteur avicole, les éleveurs et les consommateurs. 

Conformément aux normes internationales de l’OMSA, le recours à la vaccination n’affecte pas le statut d’un pays ou d’une zone indemne d’IAHP à condition que la surveillance confirme l’absence d’infection. Le commerce de volailles et de produits de volaille peut se faire en toute sécurité en combinaison avec la vaccination. 

81 % des Membres de l’OMSA (107/133 réponses) n’ont utilisé à aucune forme de vaccination contre l’influenza aviaire au cours des cinq dernières années [10], alors que 112 pays et territoires ont signalé la présence de la maladie sur cette période [1].

Recommandations 

Le recours à la vaccination des volailles contre l’IAHP reste une décision de chaque Autorité vétérinaire nationale en consultation avec les producteurs de volailles. Cette décision doit être adaptée au contexte épidémiologique et socioéconomique spécifique, ainsi qu’aux besoins et aux capacités de chaque pays ou région. 

La flexibilité et l’adaptabilité sont essentielles pour faire face efficacement à la nature dynamique de la maladie et à la menace potentielle qu’elle représente pour les populations d’oiseaux domestiques et sauvages, ainsi que pour la santé publique. Quelques considérations essentielles pour les politiques nationales sont présentées ci-après. 

Prise de décision 

Comme le décrivent les normes de l’OMSA [6], la décision de vacciner les volailles doit : 

  • s’inscrire dans le cadre d’une stratégie plus large de lutte contre l’influenza aviaire, comprenant un plan de sortie
  • s’accompagner d’un solide système de suivi et de surveillance des populations d’oiseaux domestiques et sauvages afin de guider la sélection des souches vaccinales adaptées
  • se fonder sur la disponibilité de ressources financières, techniques et humaines suffisantes pour la surveillance de la maladie et la poursuite de campagnes de vaccination efficaces ; 
  • se combiner à l’application des réglementations pertinentes, notamment en matière d’homologation, de contrôle de la qualité et de normes de sécurité pour les vaccins. 

Suivi et évaluation 

Le maintien de la vaccination doit reposer sur l’évaluation régulière des programmes de vaccination afin de recueillir des preuves quant à son efficacité et de l’adapter si nécessaire, sur la base des données de surveillance et des progrès scientifiques. 

Coopération internationale, y compris les échanges commerciaux 

La mise en oeuvre des programmes de vaccination contre l’influenza aviaire nécessite un équilibre subtil entre la lutte contre la maladie et la préservation de la sécurité du commerce international. En amont des échanges, les partenaires commerciaux doivent : 

  • établir des mécanismes pour garantir la coopération et une communication transparente entre les parties prenantes concernées, y compris les ministères, les Autorités vétérinaires et les producteurs ; 
  • engager des discussions bilatérales pour s’accorder sur les exigences en matière de certification et les protocoles commerciaux, et pour répondre aux préoccupations d’ordre commercial, afin que la reconnaissance mutuelle puisse être assurée en temps de paix

En fin de compte, le dialogue multilatéral et le respect des normes de l’OMSA sont essentiels pour garantir que si un pays décide d’introduire la vaccination contre l’influenza aviaire, celle-ci sera effectuée de manière appropriée, sans risques sanitaires et ne constituera pas un obstacle inutile à la sécurité des échanges commerciaux. Il convient de s’efforcer de maintenir des lignes de communication ouvertes, afin de minimiser les perturbations commerciales tout en protégeant la santé et le bien-être des animaux, ainsi que la santé humaine et environnementale. 


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Paris (France), le 7 septembre 2023 – L’utilisation mondiale d’agents antimicrobiens chez les animaux a diminué de 13 % en trois ans1, marquant à nouveau un changement significatif dans les efforts continus pour préserver l’efficacité de ces médicaments essentiels. 

Les médicaments antimicrobiens, tels que les antibiotiques, ont ouvert la voie à de meilleures conditions de vie pour les humains et les animaux. Avant la découverte de la pénicilline par Alexander Fleming en 1928, les infections dues à des coupures mineures pouvaient entraîner des infections du sang ou la mort. Pourtant, aujourd’hui, ces médicaments qui sauvent des vies perdent leur efficacité en raison de leur mauvaise utilisation et du recours abusif qui en est fait dans différents secteurs. Ce phénomène est connu sous le nom de « résistance aux antimicrobiens ». Il peut apparaître dans les populations animales, humaines ou végétales et constitue ensuite une menace pour toutes les autres espèces. 

Dans ce contexte, il est essentiel de surveiller quels agents antimicrobiens sont utilisés ainsi que la façon et la fréquence de cette utilisation afin d’identifier les schémas et les tendances. En fin de compte, cela peut faciliter la prise de décision et soutenir la mise en œuvre de mesures visant à garantir une utilisation optimale et durable de ces médicaments de premier plan. 

En tant qu’autorité mondiale en matière de santé animale, l’OMSA recueille depuis 2015 des informations sur l’utilisation des agents antimicrobiens chez les animaux. Un rapport publié chaque année donne accès à cette base d’informations cruciales en expansion et met en évidence des améliorations régulières dans le secteur de la santé animale à l’échelle mondiale. Par exemple, le dernier rapport, qui a été publié récemment, fait également état d’une diminution de l’utilisation des agents antimicrobiens considérés comme essentiels pour la santé humaine. 

 Moins de 20 % des agents antimicrobiens utilisés chez les animaux en 2019 revêtaient la plus haute priorité et une importance critique pour la santé humaine.2 Les efforts collectifs en faveur d’une utilisation responsable dans tous les secteurs sont de la plus haute importance, étant donné que ces médicaments constituent la seule thérapie ou l’une des rares alternatives existantes pour traiter des maladies humaines potentiellement mortelles. Il est important de souligner que, la même année, on estime à 4 millions le nombre de décès humains liés à la résistance aux antimicrobiens.3

Docteur Javier Yugueros-Marcos,
Chef du Service de la résistance aux antimicrobiens et des produits vétérinaires à l’OMSA.

Pour aller plus loin dans la lutte contre cette menace pour la santé mondiale, l’OMSA a récemment entièrement numérisé sa base de données mondiale pour en faire une plateforme en ligne : ANIMUSE. Ce nouveau système facilite l’accès libre aux données mondiales et régionales de manière interactive, tout en facilitant la création de rapports, les contrôles d’erreurs et les outils de visualisation des données pour les Membres qui fournissent les informations. 

L’un des principaux atouts d’ANIMUSE est sa flexibilité . Les pays, quel que soit le niveau de leur programme de surveillance, peuvent créer des rapports sur la plateforme. Même si les connaissances d’un pays sur les quantités d’agents antimicrobiens utilisées chez les animaux sont limitées, le fait de pouvoir se connecter à la plateforme favorise la discussion et les progrès au fil du temps. 

Docteure Carolee Carlson, vétérinaire et épidémiologiste à l’Agence de santé publique du Canada.

Dans un monde où le développement d’un nouvel antibiotique exige plus d’une décennie d’efforts et un investissement d’un milliard de dollars, il est du ressort de chacun de veiller à ce que notre arsenal antibiotique actuel reste efficace pour les générations à venir. La communauté mondiale de la santé doit continuer à défendre cette cause pour préserver la santé de demain. 


1. Selon les données communiquées à l’OMSA par les 80 pays participants qui ont systématiquement renseigné des quantités d’agents antimicrobiens utilisés chez les animaux de 2017 à 2019. 
2. Selon les données sur les classes d’agents antimicrobiens dont l’utilisation chez les animaux a été signalée par 110 pays participants en 2019. 
3. Murray CJL et al. The Lancet 2022, Vol. 399, numéro 10325. doi:10.1016/S0140-6736(21)02724-0. 


À propos de l’OMSA 

L’OMSA travaille au-delà des frontières pour favoriser une approche de la santé mondiale fondée sur le principe d’Une seule santé. Nous reconnaissons que la santé des animaux et de l’environnement dépend fortement des activités humaines. Leur santé détermine la nôtre, c’est la santé de tous. 

Contact médias
Service de la Communication 
[email protected] 

Depuis 2005, le bilan de l’influenza aviaire est stupéfiant, la maladie ayant entraîné la mort de plus de 500 millions d’oiseaux. Ses effets dévastateurs s’étendent au-delà des oiseaux domestiques et sauvages ; elle menace également les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire. Le changement de paradigme récent dans l’écologie et l’épidémiologie de l’influenza aviaire suscite une inquiétude de plus en plus grande à travers le monde, étant donné la propagation de la maladie à de nouvelles régions géographiques, la mortalité inhabituelle chez les oiseaux sauvages et l’augmentation alarmante des cas chez les mammifères. L’évolution rapide de la nature de la maladie et la modification des modes de propagation ont incité les dirigeants et les experts à examiner les outils existants de prévention et de contrôle de l’influenza aviaire, notamment l’utilisation des vaccins.

La vaccination n’est pas une fin en soi, ce n’est qu’un début. L’application de la vaccination doit être gérée tout au long de la chaîne d’approvisionnement, ce qui inclut un programme de surveillance capable de détecter une infection active chez les animaux vaccinés .

Dr David Swayne, spécialiste de cette maladie et rapporteur du Forum.

Le Forum de la santé animale, qui s’est tenu lors de la 90e Session générale de l’OMSA, a réuni les principales parties prenantes et l’ensemble des Membres de l’Organisation pour leur permettre de se pencher sur la façon de réduire le plus possible les conséquences de l’influenza aviaire dans tous les secteurs. Sur la base du Thème technique intitulé « Défis stratégiques afférents au contrôle mondial de l’influenza aviaire de haute pathogénicité » présenté lors de l’événement,les participants ont examiné les répercussions de la maladie, l’aptitude à l’emploi des outils existants de prévention et de contrôle, les conséquences sur les échanges internationaux ainsi que la nécessité de renforcer la coordination à l’échelle mondiale. À la suite du Forum, l’OMSA a publié un rapport complet pour rendre compte des discussions et des résultats.

La vaccination est apparue comme un élément de discussion essentiel. Les pays qui s’appuyaient auparavant sur des méthodes conventionnelles pour lutter contre l’influenza aviaire sont maintenant confrontés à d’immenses difficultés les incitant à étudier des mesures supplémentaires. Outre la sécurité biologique, le contrôle des déplacements et l’abattage sanitaire, l’Assemblée générale de l’OMSA a débattu du recours à la vaccination comme outil complémentaire et a longuement discuté des défis associés à sa mise en œuvre. Il a été reconnu qu’une stratégie de vaccination réussie doit s’appuyer sur des vaccins autorisés correspondant étroitement aux souches virales en circulation. De plus, elle doit s’accompagner d’une surveillance solide de la maladie, capable de démontrer l’absence d’infection dans la population d’animaux domestiques, comme le recommande le Code sanitaire pour les animaux terrestres de l’OMSA. En envisageant toutes les mesures de lutte existantes fondées sur la science et en les utilisant conformément aux recommandations internationales, les pays peuvent élaborer leurs propres stratégies nationales, adaptées au contexte local, et garantir leur efficacité.

Les Membres de l’OMSA ont adopté une Résolution qui servira de base pour définir les activités à venir en matière de contrôle de l’influenza aviaire tout en protégeant la faune sauvage, en soutenant la filière avicole et en facilitant la continuité des échanges commerciaux. La Résolution souligne notamment l’importance du respect et de la mise en œuvre des normes internationales de l’OMSA par les Membres pour combattre efficacement l’influenza aviaire. La reconnaissance du recours conforme à la vaccination sans conséquences négatives sur les échanges commerciaux, selon les normes de l’OMSA, met par ailleurs en évidence la nécessité de disposer de systèmes solides pour le suivi de la vaccination et la surveillance des maladies.

Il n’existe pas de solution unique, mais je suis convaincue que, grâce à une collaboration étroite et au respect de nos normes, nous pouvons optimiser davantage les mesures de lutte contre l’influenza aviaire à notre disposition, y compris la vaccination. Je me félicite des résultats du Forum et de l’adoption de la Résolution par nos Membres. Cela témoigne de notre engagement commun en vue de contrôler efficacement la maladie à tous les niveaux .

Dre Monique Eloit, Directrice générale de l’OMSA

L’OMSA continue à s’engager fermement pour faire face à la crise mondiale de l’influenza aviaire. Grâce à notre travail normatif, à nos efforts de rassemblement et au soutien apporté à nos Membres, nous entendons garantir la santé animale et humaine, protéger la biodiversité et préserver les moyens de subsistance des personnes concernées dans le monde entier.

La résistance aux antimicrobiens (RAM) constitue une menace mondiale majeure pour les secteurs de la santé humaine, animale et végétale, de l’alimentation et de l’environnement. D’après les estimations, en 2019, près de 5 millions de décès étaient associés à la RAM bactérienne, dont 1,27 million directement entraînés par celle-ci[1]. Une approche holistique et multisectorielle, dite approche « Une seule santé », est nécessaire pour combattre ce phénomène.

En 2015, les pays ont adopté un Plan d’action mondial pour combattre la résistance aux antimicrobiens. Son premier objectif est de mieux faire connaître et comprendre le problème de la résistance aux antimicrobiens grâce à une communication, une éducation et une formation efficaces. L’organisation d’une campagne annuelle mondiale de sensibilisation a été identifiée comme une activité contribuant à atteindre cet objectif. Une campagne annuelle a donc été mise en place afin d’accroître la sensibilisation à la RAM et sa compréhension à l’échelle mondiale, tout en servant d’exemple important de collaboration « Une seule santé ». Cette campagne était connue sous le nom de Semaine mondiale de sensibilisation aux antimicrobiens.

Aujourd’hui, la Quadripartite – l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) –ont le plaisir d’annoncer que la Semaine mondiale de sensibilisation aux antimicrobiens est renommée Semaine mondiale de sensibilisation à la résistance aux antimicrobiens.

Deux réunions mondiales de consultation ont été organisées par la Quadripartite pour discuter ce changement de nom. Celui-ci a fait l’objet d’un large consensus et a reçu le soutien des parties prenantes du monde entier et des différents secteurs. La résistance aux antimicrobiens inclut le terme « résistance », ce qui représente mieux le défi à relever. L’acronyme anglais demeure « WAAW », mais la forme développée en français sera désormais « Semaine mondiale de sensibilisation à la résistance aux antimicrobiens ».

Ensemble, prévenons la résistance aux antimicrobiens : thème de la Semaine mondiale 2023

Le thème de la Semaine mondiale 2023 restera « Ensemble, prévenons la résistance aux antimicrobiens », comme en 2022, ce qui résulte d’une vaste enquête en ligne menée auprès des parties prenantes des secteurs de la santé humaine, animale, végétale et environnementale afin de recueillir des commentaires sur un thème de campagne.

La RAM est une menace pour les humains, les animaux, les végétaux ainsi que pour l’environnement. Elle nous concerne tous. C’est pourquoi le thème de cette année appelle à la collaboration entre les secteurs afin de préserver l’efficacité de ces médicaments essentiels. La lutte contre la RAM est une démarche véritablement mondiale, qui doit être abordée dans le cadre de l’approche « Une seule santé ».

La Semaine mondiale se tient chaque année du 18 au 24 novembre.


[1]   Antimicrobial Resistance Collaborators. Global burden of bacterial antimicrobial resistance in 2019: a systematic analysis. Lancet. 2022 Feb 12;399(10325):629-655.

Cet accord définit le statut diplomatique du bureau sous-régional installé à Abou Dhabi, aux Émirats arabes unis, la 13e représentation locale de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA).

Le 12 juin 2023, l’OMSA et le ministère des Affaires étrangères des Émirats arabes unis (MOFA) ont signé un accord diplomatique dotant officiellement le bureau d’Abou Dhabi des privilèges, des immunités, des contributions financières et en nature nécessaires à cette opération. 

« Cet accord marque un nouveau pas en avant, après plusieurs années de coopération étroite avec le ministère du Changement climatique et de l’Environnement (MOCCAE) des EAU et le travail productif réalisé avec l’aimable soutien de l’Autorité pour la sécurité de l’agriculture et des aliments d’Abou Dhabi (ADAFSA). Je me réjouis de l’établissement d’une collaboration continue entre l’OMSA et les EAU et d’un réseau zoosanitaire renforcé dans la région du Golfe », a déclaré la Dre Monique Éloit, Directrice générale de l’OMSA, après avoir signé cet accord avec Sultan Mohamed Alshamsi, ministre adjoint du Développement international et des Organisations du MOFA.


Actuellement dirigé par le Dr Mohamed Alhosani, le bureau sous-régional a été inauguré en novembre 2019 et couvre les six pays du Conseil de la coopération du Golfe (Arabie Saoudite, Bahrein, Emirats arabes unis, Koweït, Oman, Qatar) et le Yémen. Il intervient en étroit contact avec la Représentation régionale de l’OMSA pour le Moyen-Orient, située à Beyrouth, au Liban.

Le bureau d’Abou Dhabi met déjà en œuvre son programme de travail, qui a pour objectif de soutenir les Services vétérinaires dans la sous-région et de répondre manière plus efficace aux questions concernant le contrôle des maladies transfrontalières, y compris les zoonoses, et le bien-être animal, notamment dans un contexte commercial, étant donné la situation géographique particulière des pays du Golfe, au carrefour de l’Afrique, de l’Asie et de l’Europe.