Les responsables politiques européens et les scientifiques s’unissent pour combattre la peste porcine africaine

Aujourd’hui à Sofia, en Bulgarie, des représentants de haut niveau, parmi lesquels Mr Vytenis Andriukaitis, Commissaire européen à la Santé et la Sécurité alimentaire, la Dre Monique Eloit, Directrice générale de l'OIE, et cinq ministres de l'Agriculture1 de pays des Balkans ont assisté à l'ouverture de la réunion du Groupe permanent d'experts sur la peste porcine africaine (PPA) en Europe. Cet événement a été organisé par l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE) et l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Cette mobilisation est un signe fort de soutien vis-à-vis du travail des experts vétérinaires pour trouver des solutions visant à stopper l’expansion de la PPA dans la région Europe.

 

De gauche à droite : Ulrich HERZOG, Chef des Services vétérinaires de l’Autriche et Vice-président de la Commission régionale de l’OIE pour l’Europe, Vytenis ANDRIUKAITIS, Commissaire européen à la Santé et la Sécurité alimentaire, Marco VALLETTA, membre du Cabinet du Commissaire Andriukaitis, et Monique ELOIT, Directrice générale de l’OIE.

Paris, le 10 septembre 2019 – La quatorzième réunion du Groupe permanent d’experts sur la peste porcine africaine en Europe (SGE ASF14) s’est ouverte ce matin à Sofia, en Bulgarie.

L’impact de la crise actuelle de la PPA au niveau mondial est un sujet d’inquiétude majeur pour la filière porcine. En effet, cette crise menace la subsistance de nombreux petits exploitants et déstabilise le marché mondial des produits d’origine porcine. En ce qui concerne la région Europe2 de l’OIE, le virus de la peste porcine africaine a été introduit en Géorgie en 2007, s’est ensuite disséminé à travers la Russie, l’Ukraine et la Biélorussie. Puis, il a pénétré sur le territoire de l’Union européenne par la Lituanie en janvier 2014, avant de frapper la Pologne, la Lettonie et l’Estonie la même année, et enfin la Moldavie en 2016. La maladie s’est à nouveau manifestée en 2017 et s’est propagée activement vers le sud de l’Europe, touchant la République tchèque, la Roumanie, la Hongrie et la Bulgarie. Le virus a été détecté de manière inattendue en Belgique en 2018, puis en Slovaquie et finalement en Serbie en août 2019.

Ce dernier épisode en Serbie préoccupe tant les scientifiques vétérinaires que les autorités concernées: le risque que le virus se propage dans toute la sous-région des Balkans est désormais élevé. D’où la décision du président du GF-TADs pour l’Europe d’ajouter à l’ordre du jour de la SGE ASF14, une séance de haut niveau en présence de ministres des pays des Balkans.

« La récente propagation du virus en Europe du Sud-Est représente une menace sérieuse pour les pays et territoires des Balkans », a souligné ce matin le Commissaire Andriukaitis. « C’est la raison pour laquelle des mesures immédiates visant à élever considérablement le niveau de sensibilisation à la peste porcine africaine devraient être prises au niveau national pour remédier à cette situation. La préparation étant un élément déterminant du contrôle de cette maladie, les actions prioritaires à mener avec les pays frontaliers devraient aussi être définies de manière collaborative. »  

D’après les déclarations effectuées par les Pays membres dans le  Système mondial d’information zoosanitaire de l’OIE (WAHIS), on estime que la PPA est actuellement présente dans plus de 45 pays et territoires. Au cours des deux dernières semaines du mois d’août, 18 pays et territoires ont signalé des foyers (nouveaux ou en cours) sur WAHIS, dont 11 en Europe (en Belgique, Bulgarie, Hongrie, Lettonie, Moldavie, Pologne, Roumanie, Russie, Serbie, Slovaquie et Ukraine).

En Europe, les experts décrivent deux types de situations : dans certaines zones (principalement au nord et à l’ouest), la maladie est majoritairement détectée au sein des populations de sangliers, avec parfois une absence totale de foyers chez les porcs domestiques. À l’inverse, dans les autres pays affectés, la maladie progresse principalement chez les porcs domestiques, en majorité au sein des petites exploitations.

Autre enseignement tiré de l’expérience des années passées : le virus est capable parcourir de longues distances et d’apparaître où l’on ne l’attend pas. Par exemple, il a été détecté en République tchèque en juin 2017, à plus de 500 km des zones affectées les plus proches (Pologne et Ukraine) ; ou encore en Belgique en août 2018, à environ 1000 km de la zone infectée la plus proche, située en Pologne.

« Pour stopper l’expansion d’une telle maladie pour laquelle nous ne disposons pas de vaccin, il est essentiel que toutes les parties prenantes agissent de manière coordonnée, collaborent entre elles et partagent leurs expériences, non seulement au niveau national, mais également au niveau régional et international », a expliqué la Dre Monique Eloit, Directrice générale de l’OIE. « Comme l’ont montré les exemples de la République tchèque et de la Belgique, le contrôle de la maladie est possible quand chaque acteur respecte et applique les règles établies pour empêcher la maladie de devenir endémique. »

Le Groupe permanent d’experts sur la PPA en Europe, qui fait partie de l’initiative conjointe FAO/OIE, intitulée « GF-TADs » pour Cadre Mondial pour le Contrôle progressif des maladies animales transfrontalières, réunit des experts régionaux et internationaux dans le but de faciliter la circulation des informations scientifiques et des retours d’expériences de terrain autour de la PPA.

Au cours de ces deux jours, environ 90 participants discuteront des derniers éléments scientifiques à ce sujet et de leurs expériences de terrain, de l’épidémiologie de la maladie et de la manière d’améliorer la collecte et la dissémination des informations qui sont nécessaires pour contrer son expansion.

Fondé en septembre 2014, ce Groupe permanent est devenu, avec le temps, un modèle pour les autres régions. En avril 2019, un groupe similaire a été créé en Asie4  afin de faire face au développement rapide de la maladie dans la région Asie et Pacifique où se trouve plus de 60 % de la population porcine mondiale. Pour finir, un nouveau Groupe permanent d’experts sur la PPA s’ouvrira la semaine prochaine pour la région Amériques. Son objectif est de renforcer la collaboration entre les pays de la région afin de prévenir l’apparition du virus au sein de la région Amériques5 qui demeure à ce jour indemne de PPA.

Pour plus d’informations :


1 Desislava TANEVA, Ministre de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Forêts de Bulgarie
M. Trajan DIMKOVSKI Ministre de l’Agriculture, des Forêts et des Eaux, République de Macédoine du Nord
Ermira GJECI Vice-ministre de l’Agriculture et du Développement rural d’Albanie,
M. Djuro ZUGIC Secrétaire d’état auprès du Ministère de l’Agriculture et du Développement rural du Montenegro, et Velimir STANOJEVIC Secrétaire d’État auprès du Ministère de l’Agriculture, des Forêts et des Eaux de Serbie

2 La région Europe compte 53 pays. Pour consulter la liste : https://www.woah.org/fileadmin/Home/fr/About_us/docs/pdf/2009_Commission_Europe_F.pdf

3 Cartes et animations consultables (en anglais) à l’adresse : https://web.oie.int/RR-Europe/eng/Regprog/en_ASF_depository.htm – ASFsituation

4 (En anglais) https://rr-asia.oie.int/disease-info/african-swine-fever/african-swine-fever-in-asia/

5 (En anglais) http://www.rr-americas.oie.int/en/regional-activities/gf-tads/meetings/