Maladie listée

Tuberculose bovine

En 1882, Robert Koch annonce qu’il a découvert que le bacille tuberculeux est la cause de la tuberculose humaine. Théobald Smith publie ultérieurement, en 1898, ses découvertes relatives aux bacilles de la tuberculose humaine et de la tuberculose bovine, dans lesquelles il démontre que les bactéries responsables sont deux organismes différents, aujourd’hui désignés sous les noms de Mycobacterium tuberculosis (M. tuberculosis) et Mycobacterium bovis (M. bovis). De janvier 2017 à juin 2018, 82 des 188 pays et territoires (44 %) qui ont déclaré à l’OMSA leur situation en matière de tuberculose bovine, ont notifié la présence de la maladie. Bien que l’infection dans les troupeaux de bovins ait été contrôlée dans la plupart des pays, l’élimination complète de la maladie est compliquée par la persistance de l’infection chez des animaux sauvages, tels que le blaireau européen au Royaume-Uni, le cerf de Virginie dans certaines régions des États-Unis d’Amérique, et le phalanger-renard en Nouvelle-Zélande. La tuberculose bovine représente toujours un grave problème de santé animale et de santé publique dans de nombreux pays en développement.

Qu’est-ce que la tuberculose bovine ?

La tuberculose bovine est une maladie animale bactérienne chronique, causée par des membres du complexe Mycobacterium tuberculosis, en particulier par M. bovis mais aussi par M. caprae et, dans une moindre mesure, par M. tuberculosis. Il s’agit d’une maladie infectieuse majeure chez les bovins, qui affecte également d’autres animaux domestiques et certaines populations de faune sauvage, provoquant une altération de l’état général, une pneumonie, une perte de poids et, éventuellement, la mort.

La dénomination de la tuberculose vient des nodules, appelés « tubercules », qui se forment chez les animaux atteints dans les ganglions lymphatiques et dans d’autres tissus affectés.

On considère que les bovins constituent le réservoir principal de M. bovis, ainsi que la source principale d’infection pour l’homme. La maladie a toutefois été décrite chez de nombreuses autres espèces d’animaux domestiques et non-domestiques.

Mycobacterium bovis a été isolé chez de nombreuses espèces sauvages, notamment les buffles d’Afrique, les buffles domestiques d’Asie, les bisons, les moutons, les chèvres, les équidés, les chameaux, les porcs, les sangliers, les cerfs, les antilopes, les chiens, les chats, les renards, les visons, les blaireaux, les furets, les rats, les primates, les lamas, les koudous, les élands, les tapirs, les élans/wapitis, les éléphants, les sitatungas, les oryx, les addax, les rhinocéros, les opossums, les écureuils terrestres, les loutres, les phoques, les lièvres, les taupes, les ratons laveurs, les coyotes et plusieurs espèces de félins prédateurs dont les lions, les tigres, les léopards et les lynx.

La TB est une maladie figurant dans la liste de l’OMSA et doit être notifiée à l’OMSA, conformément aux indications du Code sanitaire pour les animaux terrestres de l’OMSA.

‘La plupart des cas humains de tuberculose bovine sont dus à l’espèce bactérienne Mycobacterium tuberculosis. La tuberculose zoonotique est une forme de tuberculose observée chez l’homme, causée principalement par une espèce étroitement apparentée, M. bovis, qui appartient au complexe M. tuberculosis.

Distribution géographique

La tuberculose bovine est rencontrée dans le monde entier, mais n’a toutefois jamais été détectée dans certains pays, et de nombreux pays développés ont fait régresser ou éliminé la tuberculose bovine dans leur population bovine, et circonscrit la maladie à une ou quelques zones. D’importants foyers d’infection subsistent toutefois dans la faune sauvage. La prévalence la plus élevée de la tuberculose bovine est observée en Afrique et dans certaines régions d’Asie, mais la maladie est également présente dans des pays d’Europe et d’Amérique.


Transmission et propagation

La maladie est contagieuse et peut être transmise directement par contact avec des animaux domestiques et des animaux de faune sauvage infectés, ou indirectement par ingestion d’aliments contaminés.

L’inhalation d’aérosols infectés qui sont expulsés des poumons (lors de toux) constitue la voie habituelle de transmission dans les troupeaux de bovins. Les veaux peuvent être infectés en ingérant du colostrum ou du lait provenant de vaches atteintes.

Les humains peuvent être infectés en ingérant du lait cru provenant de vaches affectées ou par contact avec des tissus infectés dans les abattoirs ou les boucheries.

L’évolution de la maladie est lente et prend des mois ou des années avant de conduire à la mort. Un animal infecté peut donc excréter la bactérie au sein du troupeau avant l’apparition de signes cliniques. Par conséquent, les mouvements d’animaux domestiques chez lesquels la maladie n’a pas été détectée sont un mode important de propagation de la maladie.


Signes cliniques

La tuberculose bovine peut être subaiguë ou chronique, avec une vitesse de progression variable. Un petit nombre d’animaux peut déclarer une affection grave dans les mois suivant l’infection, tandis que le développement de signes cliniques prendra plusieurs années chez d’autres. La bactérie peut également rester quiescente chez l’hôte, ne provoquant alors pas de maladie pendant une longue période.

Les signes cliniques habituels comprennent :

  • une faiblesse
  • une perte d’appétit et de poids
  • une fièvre irrégutière
  • une dyspnée et une toux sèche intermittente
  • des signes de pneumonie
  • des diarrhées
  • des ganglionsl ymphatiques hypertrophiés et saillants.

Diagnostic

Les signes cliniques de la tuberculose bovine ne sont pas spécifiques et ne permettent donc pas aux vétérinaires d’établir un diagnostic définitif fondé sur ces seules manifestations.

Le test cutané à la tuberculine est la méthode standard de diagnostic in vivo de la tuberculose chez les animaux domestiques. Il consiste à injecter par voie intradermique de la tuberculine bovine (un extrait protéique purifié issu de M. bovis), puis à mesurer 72 heures plus tard l’épaisseur de la peau au point d’injection, afin de détecter tout gonflement subséquent au point d’injection (ce qui signale une hypersensibilité retardée associée à une infection).


Des tests sanguins in vitro permettant de détecter la bactérie, des anticorps ou une immunité à médiation cellulaire sont également déjà disponibles ou en cours de développement. Le test sanguin le plus largement utilisé est un test de libération d’interférons gamma qui permet de détecter une réponse immunitaire à médiation cellulaire lors d’infection par M. bovis. Ce test est basé sur le principe que des cellules sanguines bovines qui ont auparavant été exposées à M. bovis lors d’une infection sont connues pour produire des niveaux élevés d’interférons gamma, suite à une incubation in vitro en présence d’antigènes de M. bovis.

En parallèle, le diagnostic définitif est confirmé par une culture bactérienne et une identification en laboratoire, un processus qui peut nécessiter huit semaines ou plus.

Les méthodes de diagnostic recommandées, notamment les procédures de fabrication et d’administration de la tuberculine bovine, sont décrites dans le Manuel des tests de diagnostic et des vaccins pour les animaux terrestres de l’OMSA.


Risque pour la santé publique

La forme la plus courante de tuberculose chez l’homme est due à M. tuberculosis. Il n’est toutefois pas possible de différencier cliniquement les infections dues à M. tuberculosis de celles causées par M. bovis, dont on estime qu’elles représentent dans certains pays jusqu’à 10 % des cas de tuberculose chez l’homme. Le diagnostic peut être en outre compliqué par la tendance que présente les infections à M. bovis à être localisées dans d’autres organes que les poumons (à savoir les infections extrapulmonaires) et par le fait que M. bovis est naturellement résistant à un des agents antimicrobiens qui est couramment utilisé pour traiter la tuberculose humaine, le pyrazinamide.

Le Code terrestre pour la santé des animaux terrestres de l’OMSA et le Manuel des tests de diagnostic et des vaccins pour les animaux terrestres de l’OMSA proposent des normes et recommandations techniques destinées à gérer les risques relatifs à la santé humaine et la santé animale associés à l’infection d’animaux par un membre du complexe Mycobacterium tuberculosis, notamment M. bovis.


Feuille de route sur la tuberculose zoonotique

La tuberculose humaine est une cause majeure de maladie et de mortalité dans le monde entier. Elle est principalement due à M. tuberculosis et est habituellement transmise par voie respiratoire, lors de contact étroit et d’inhalation d’aérosols infectés. La tuberculose zoonotique est une forme moins courante de tuberculose chez l’homme, causée par un membre apparenté du complexe Mycobacterium tuberculosis (M. bovis). La forme zoonotique est principalement transmise de manière indirecte, par la consommation de lait, de produits laitiers ou de viande contaminés, contenant du matériel infectieux. Dans les régions où des pratiques de sécurité sanitaire des aliments sont appliquées de manière systématique, le risque pour le grand public a été réduit, l’infection par la tuberculose zoonotique restant toutefois un risque professionnel pour les éleveurs, les personnels des abattoirs et les bouchers.

En octobre 2017, l’OMSA, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires (L’Union) ont lancé conjointement la toute première feuille de route pour combattre la tuberculose zoonotique. Elle est fondée sur une approche de type « Une seule santé » qui reconnaît l’interdépendance des secteurs de la santé humaine et de la santé animale pour aborder les principaux impacts sanitaires et économiques de cette maladie.

Cette feuille de route appelle à une action concertée de la part des organismes publics, des donateurs, des établissements d’enseignement supérieur, des organisations non gouvernementales et des parties prenantes privées, avec un engagement aux niveaux politique, financier et technique. Elle définit dix priorités pour lutter contre la tuberculose zoonotique chez l’homme et la tuberculose bovine chez l’animal. Celles-ci relèvent de trois thèmes principaux :

  • améliorer la base de données scientifiques
  • réduire la transmission à l’interface animal-homme
  • renforcer les approches intersectorielles et collaboratives.

Feuille de route sur la 

tuberculose zoonotique

Fiche descriptive sur
la tuberculose

zoonotique

(en anglais)

La tuberculose zoonotique

chez l’homme provoquée par

M. bovis – un appel à l’action

(The Lancet)

(en anglais)

Prévention et contrôle

Dans de nombreux pays, des programmes nationaux de contrôle et d’éradication fondés sur les tests de détection et l’abattage des animaux infectés constituent l’approche privilégiée pour la gestion de la tuberculose bovine et ont été mis en œuvre avec succès. Cette approche reste toutefois difficile à mettre en pratique dans certains pays gravement infectés, car elle est susceptible de nécessiter l’abattage d’un grand nombre de bovins, ce qui peut ne pas être faisable, en raison des limites en matière de ressources humaines ou financières dans le cadre d’un programme de santé animale, ou pour des raisons culturelles. Par conséquent, des pays utilisent diverses formes de tests et de ségrégation pour les premières étapes, puis passent à des méthodes de tests de dépistage et d’abattage dans la phase finale.

Plusieurs programmes d’éradication de la maladie se sont avérés très efficaces pour faire régresser ou éliminer la maladie chez les bovins, en ayant recours à une approche multifacette qui comprend :

  • une inspection post mortem de la viande (recherche de tubercules dans les poumons, les ganglions lymphatiques, les intestins, le foie, la rate, la plèvre et le péritoine), pour la détection des animaux et troupeaux infectés
  • une surveillance intensive, comprenant notamment la visite des élevages
  • des tests de dépistage individuel systématique des bovins
  • l’élimination des animaux infectés et des animaux ayant été en contact avec eux
  • une législation locale appropriée
  • des contrôles efficaces des mouvements des animaux
  • une identification individuelle des animaux
  • une traçabilité efficace.

La détection des animaux infectés permet d’éviter que les viandes impropres à la consommation entrent dans la chaîne alimentaire et permet aux Services vétérinaires de remonter jusqu’au troupeau dont est issu l’animal infecté, qui peut ensuite être testé et éliminé si nécessaire.

La pasteurisation ou le traitement thermique du lait provenant d’animaux potentiellement infectés, à une température suffisante pour tuer la bactérie, s’est révélé efficace pour prévenir la propagation de la maladie chez l’homme.

Le traitement antimicrobien des animaux infectés est rarement tenté en raison des doses et de la durée nécessaires de la prise en charge, du coût élevé des médicaments, des interférences avec l’objectif principal qui vise à éliminer la maladie, et du risque potentiel de développement d’une résistance.

La vaccination est pratiquée en médecine humaine mais, jusqu’à présent, elle n’est pas utilisée dans le cadre des mesures préventives chez l’animal, en raison d’un manque de disponibilité de vaccins sûrs et efficaces, ainsi que des interférences potentielles avec la surveillance et les tests de diagnostic de la tuberculose bovine, liées aux réactions faussement positives chez les animaux vaccinés. Les chercheurs étudient activement les possibilités de développement de nouveaux vaccins ou de vaccins améliorés contre la tuberculose bovine, de voies alternatives d’administration du vaccin chez les animaux domestiques et les réservoirs de faune sauvage, ainsi que de nouveaux tests diagnostiques permettant de distinguer de manière fiable les animaux vaccinés des animaux infectés.

Responsable : Service Antibiorésistance et produits vétérinaires

Références